Paul OTTAVI (élève 2ème année - ENSM Marseille) a pu effectuer son stage sur un navire d'une compagnie européenne dans le cadre de la convention signée entre La Touline et l'ENSM.
Mon embarquement sous pavillon international
Je suis actuellement élève en troisième année à l’Ecole Nationale Supérieure Maritime de Marseille. Pour mon stage de deuxième année, je souhaitais embarquer sous pavillon étranger. Afin de découvrir un nouvel environnement de travail et surtout mettre à l’épreuve mes connaissances en anglais. Rien ne remplace un « bon » bain linguistique pour développer son vocabulaire et sa syntaxe.
Les difficultés rencontrées par mes camarades et moi-même pour trouver un stage d’embarquement, suite à la mise en place de la réforme de notre école, m’ont conduit à solliciter l’aide de l’association « La Touline » dont la bonne connaissance du domaine maritime et l’investissement auprès des plus jeunes (en particulier celui de Madame Le Page) m’ont permis d’embarquer cinq semaines au sein de la Compagnie Belge AHLERS MARITIME. La compagnie possède plusieurs chimiquiers (sous pavillon Chypriote) de 90m de long pour un port en lourd de 3000 T. Leur faible tirant d’eau de 4 m autorise la navigation fluviale.
J’ai rencontré à bord du « Puccini » des navigants compétents et passionnés dont la disponibilité et l’empressement à faire partager leurs connaissances et expériences m’ont rendu rapidement autonome. Aucune de mes questions n’est restée longtemps sans réponse.
En navigation, j’ai effectué plusieurs quarts à la mer, seul en passerelle à 80% du temps. Gouverner le navire en manuelle dans le canal de Kiel sous les ordres des pilotes allemands restera un moment fort de mon séjour à bord, gestion du stress obligatoire.
Toutes les taches relevant des compétences spécifiques du technicien pompiste du bord (maintenance des systèmes, contrôle de qualité, sécurité lors des chargements et déchargements, nettoyage et dégazage des citernes) n’ont « presque » plus de secrets pour moi.
A quai, le commandant m’a associé au travail du second capitaine. Cela m’a permis d’acquérir une vision d’ensemble des opérations commerciales sur un tanker (procédures administratives lors du chargement et déchargement) ainsi que sur la tenue des documents du bord (journal de bord, corrections) et enfin sur tout ce qui fait le quotidien d’un officier (calcul de marée, avitaillement, calcul du chargement, ballastage, pilote, météo, départ, accostage, mouillage, calcul de route, etc.)
La vie à bord malgré le rythme soutenu imposé par le « tramping » est restée agréable et cordiale tout au long de l’embarquement. La communication à été grandement facilitée par la bonne humeur générale de l’équipage Philippins, Polonais et Ukrainiens. Mes progrès en anglais sont d’ailleurs spectaculaires. Je suis resté en contact avec certains membres de l’équipage.
La navigation fluviale reste pour moi une découverte riche d’enseignement technique dans un cadre bucolique de paysages préservés dont je conserverais longtemps les images en mémoire.
Mon temps libre, lors de nos courtes escales sur des terminaux souvent éloignés des centres villes, ne m’a pas permis de jouer véritablement les touristes mais m’a tout de même autorisé quelques courtes escapades agréables en Suède, aux Pays Bas, en Allemagne et en Angleterre.
Mes contacts et échanges avec le personnel à terre de cette compagnie ont toujours été d’une rare cordialité. De plus, nos frais de transports sont remboursés intégralement (avion, train, taxi) ainsi que ceux de la visite médicale d’embarquement (dont la prise de sang). Nous bénéficions de la protection sociale et de la couverture maladie ENIM. Les vêtements et équipement de travail nous sont généreusement fournis. Mais il ne faut pas s’attendre à percevoir une grosse indemnité (environ 200 €).
Il faut noter que pour les formations polyvalentes comme la mienne, les embarquements sous pavillon étranger sont comptés monovalent (pont ou machine).
Je suis pleinement satisfait de cet embarquement et recommande vivement à tous d’effectuer un séjour au sein de compagnies étrangères. Leurs méthodes de travail et leur rythme différent de ceux que l’on peut vivre sous pavillon français peuvent être une source d’inspiration non négligeable et facilement transposable. Quant aux progrès réalisables en anglais ils sont tout simplement remarquables.
Paul OTTAVI